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Oud 3rd August 2007, 14:35
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« Le problème vient des francophones »

« Le problème vient des francophones »


Jean-Luc Dehaene, grand architecte de la maison fédérale, n'a jamais caché, quand il officiait en qualité de Premier ministre, que la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde était inscrite dans les astres. Aujourd'hui, il revient sur l'Histoire. Et pointe les erreurs francophones. Entretien.



Les plus : le forum en ligne; participez à notre sondage au bas de cette page d'accueil.Les négociateurs, à Val-Duchesse, continuent à s'étriper sur ce volet institutionnel
On ne peut construire un Etat fédéral sans frontières claires. Si la réforme de l'Etat a pu démarrer en 1970, c'est parce que l'on est parvenu à fixer la frontière linguistique. Sans cela, l'autonomie culturelle des Communautés et la création des Régions auraient été impossibles. Je ne nie pas qu'au début, ces frontières étaient mal fichues. N'empêche : la frontière est un exemple de la manière dont les francophones donnent des leçons aux néerlandophones, alors qu'ils ont eux-mêmes créé le problème. Mais cela, évidemment, ils l'ont oublié


Que voulez-vous dire?

Si, en 1932, la Wallonie avait accepté le régime du bilinguisme, la Belgique ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui. Qui a choisi alors l'unilinguisme ? Pas les Flamands, hein ! Les Wallons ! Et qui, lors de l'établissement de la frontière linguistique, a refusé qu'une série de communes, comme La Hulpe, bénéficient des facilités ? Les francophones ! On ne peut pas unilatéralement refuser de réaliser des choses sur son territoire pour exiger ensuite qu'elles le soient sur le territoire de l'autre Communauté. Il y a un minimum de logique institutionnelle à accepter, tout de même


L'idée d'une circonscription unique où l'on retrouverait des députés des deux entités est-elle praticable ? Il n'y a pas si longtemps, vous en étiez partisan.

On aurait pu mettre ce système en place lors des premières élections directes européennes de 1979. Il y a alors eu, au cours des discussions sur la loi électorale, des partisans de l'instauration d'une circonscription unique. Et qui l'a finalement repoussée ?


Qui?

Charles-Ferdinand Nothomb ! Il craignait que Léo Tindemans ne puisse se présenter partout et triompher dans tout le pays. Et aujourd'hui, on voudrait nous proposer une circonscription unique, en décidant à l'avance du nombre de sièges attribués aux francophones et aux Flamands ? Au revoir et merci, hein !


Sur le fond, cette idée ne permet-elle pas de tenir compte de l'autre Communauté ? Aujourd'hui, les liens entre Nord et Sud se distendent : les partis nationaux ont disparu ; la presse...

Je vous arrête. Dans ma jeunesse, la Flandre était noyée sous les journaux francophones. « La Libre » et « Le Soir » étaient les quotidiens lus par la bourgeoisie flamande. Je n'ai jamais vu en Wallonie ou à Bruxelles des francophones qui ouvraient un journal flamand ! S'ils avaient eu aussi cette tradition de bilinguisme, l'image du pays en serait modifiée. Je constate qu'une nouvelle génération d'hommes politiques en Flandre ne parlent plus le français. Bientôt, nos négociations gouvernementales se dérouleront en anglais ! Là encore, les efforts réalisés par les francophones qui, comme vous, s'expriment de plus en plus en néerlandais, arrivent en fait quarante ans trop tard


Vous semblez fâché sur les francophones

Mais non ! Je réagis seulement quand ils veulent me faire la leçon sur des problèmes qu'ils ont eux-mêmes créés.


Vous avez le sentiment qu'entre francophones et Flamands, on ne se comprend plus...

Lorsqu'on lit des médias qui s'expriment essentiellement sur les faits de leur propre Communauté, on a en effet le sentiment de vivre dans deux pays différents. Aujourd'hui, les partis ne doivent se justifier que par rapport à leur seul public, d'un seul côté de la frontière linguistique. Et comme les situations socio-économiques sont très différentes entre Nord et Sud, les programmes des partis sont tout autant contrastés. Cela rend le dialogue Nord-Sud plus difficile. J'appartiens à la dernière génération d'hommes politiques qui ont encore siégé dans des instances de parti nationales. Nous avions une forme de concertation structurelle. J'ai assisté à sa disparition. Ces rencontres nous permettaient alors de rester en contact. Ces contacts n'ont plus lieu. Lorsqu'au début de la formation d'un gouvernement comme celui-ci, une série de négociateurs doivent apprendre à se connaître, cela crée un problème.


La Flandre s'est radicalisée depuis le 10 juin.

Avez-vous lu le programme du VLD avant que Verhofstadt ne devienne Premier ministre ? Il était très radical. Le fait de ne pas participer au gouvernement fédéral radicalise. Forcément. J'ai toujours prévenu, avant les élections, que si le CD&V n'entrait pas au gouvernement cette année, on irait au-devant de graves problèmes en 2011.


Il n'empêche. Le CD&V est revenu au pouvoir. Et les problèmes demeurent. Non?

La Belqique a réalisé des compromis en 1970, au cours desquels les Flamands ont mis leur position majoritaire en sourdine en acceptant le principe de la double majorité et du gouvernement paritaire. Ce compromis peut fonctionner tant que des deux côtés de la frontière linguistique, on accepte d'encore nouer des accords. Le jour où on profite de cette position pour refuser de dialoguer, alors « you've a big problem ».


Bruxelles, c'en est un autre?

Bruxelles, dans le système actuel, est un problème. La création de la Région bruxelloise fut une bonne chose pour Bruxelles. Cela a permis d'augmenter la qualité de vie à Bruxelles. Mais elle va devoir choisir : soit elle veut être une Région à part entière et elle va mourir exsangue. Soit elle veut devenir une Région-capitale, dans laquelle il faut investir. Mais, alors, elle doit accorder un droit de regard à ceux qui investissent ! J'ai parfois l'impression que les Bruxellois veulent le beurre et l'argent du beurre


Charles Picqué ne réclame plus d'argent

Il est en fin de carrière. Non, Bruxelles va au-devant de graves problèmes financiers.


La Belgique a encore un avenir?

La Belgique, comme membre de l'Union européenne, existera encore pendant de nombreuses années. Ce ne sera pas la même Belgique qu'en 1970. Si, à l'époque, on avait listé les compétences qui allaient être transférées en 1988, les journalistes auraient dit : « Si on fait ça, c'est la fin de la Belgique. » Aujourd'hui, quand on évoque la scission de la Sécu, on dit que ça va être la fin de la Belgique. Au Canada, la sécurité sociale est une compétence provinciale. Cela ne l'a pas fait éclater.


Le Soir, 03-08-2007
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